Pour l'Europe qui a 75 ans, l'heure du réveil a sonné !

C'est la Déclaration Schuman qui a lancé l'intégration européenne il y a 75 ans, sur les ruines d'une Europe ravagée par la guerre. Les pays européens cherchaient alors les moyens de travailler ensemble. Un changement radical s'imposait et la Déclaration Schuman symbolisait ce changement. Elle ouvrait la porte à une nouvelle vision du monde pour l'Europe, fondée sur un renforcement de la coopération entre ses États dans des secteurs en expansion. Depuis lors, la tendance a manifestement été à toujours plus d'Europe !

Au cours de ces 75 années, beaucoup de choses ont été réalisées. Ce qui avait commencé par une Communauté du charbon et de l'acier à 6 est devenu un marché intérieur à 27, assurant la libre circulation des biens, des personnes, des services et des capitaux, ainsi qu'une Union économique et monétaire, avec l'euro comme monnaie unique dans 20 États membres. Les entreprises européennes ont accès à un marché libre d'environ 450 millions de consommateurs, tandis que ces mêmes 450 millions de citoyens partagent un espace politique de mieux en mieux intégré. Parallèlement, le cadre juridique des valeurs fondamentales de l'UE -respect de la dignité humaine, liberté, démocratie, égalité, État de droit, respect des droits de l'homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités-a été mis en place et le maintenir s'avère coûteux.

Désormais, cela ne suffit plus. Au marché intérieur est venu se superposer le marché mondial. L'UE doit assurer son autonomie stratégique afin de soutenir le dynamisme de son économie dans une Europe des citoyens axée sur l'intégration sociale. Le récent Rapport Draghi souligne la nécessité de renforcer la productivité, afin d'être compétitif sur les marchés mondiaux. Parmi les mesures qui s'imposent, mentionnons l'achèvement de l'Union des marchés des capitaux et l'engagement d'énormes investissements annuels, de 750 à 800 milliards d'euros, pour donner un coup de fouet à la productivité, pour encourager les transitions verte et numérique et pour conserver le modèle social européen. La régulation de l'intelligence artificielle doit se faire dans une optique favorable pour le marché, afin de maintenir la compétitivité de l'UE.

Mais l'UE ne peut pas attendre à nouveau 75 ans, ni même 50 ou 25, pour progresser dans son intégration. Les défis géopolitiques de plus en plus complexes, aussi bien en Europe qu'à l'extérieur de celle-ci, appellent une action L'Europe doit rester fidèle à sa mission : tout en conservant ses valeurs fondamentales, elle doit oser des politiques audacieuses et visionnaires pour faire face aux nombreuses crises actuelles. En matière de politique extérieure, l'UE est aussi confrontée à de grands défis, qui nécessitent une action rapide : elle doit se mettre d'accord sur une politique d'immigration humaine et rationnelle, lutter contre le changement climatique, forger une politique de défense et de sécurité européenne et réagir face au protectionnisme commercial injuste et aux ambitions impérialistes dépassées des États-Unis.

Il convient avant tout que l'UE déploie des efforts en vue de mettre fin à la guerre menée par la Russie contre l'Ukraine ; l'UE est elle-même le fruit d'un plan de paix pour le États européens, lesquels, réunis sous une bannière pacifique, ont trouvé la voie vers la prospérité pour tous.

Le moment est venu de renforcer les États membres en consolidant le cadre de l'Union européenne, par un approfondissement et un élargissement de ses politiques. La barre ne pourrait pas être placée plus haut !